Actualité HEP Vaud

Christine Croset Rumpf quitte la HEP Vaud après 22 ans

Interview avant son départ à la retraite

Après 22 ans passés au sein de la HEP Vaud, Christine Croset Rumpf, chargée d’enseignement ”corps et apprentissages” à l'Unité d’Enseignement et de Recherche en Enseignement, apprentissage et évaluation (UER EN), prend une retraite bien méritée. L’occasion de revenir sur son parcours et son domaine de prédilection: la rythmique, une discipline à la rencontre de la musique, de l’éducation psychomotrice et du jeu.

Quel est votre parcours à la HEP Vaud?

Je suis arrivée à la HEP Vaud en 2002, initialement comme chargée de cours en rythmique, rattachée au domaine de l’éducation physique et psychomotrice. Rapidement, j’ai donné des formations continues dans diverses thématiques comme la rythmique ou les chansons. En 2006, j’ai rejoint l’UER EN tout en continuant de collaborer avec l’UER Musique. J’ai aussi eu l’opportunité de créer des moyens d’enseignement (collection Amuse-Bouches) basés sur les chansons et le mouvement pour les enfants de 3 à 8 ans. En 2013, soutenue par la HEP Vaud, j’ai obtenu un Master de formation d’enseignants aux Universités de Genève, Lausanne, Fribourg et Suisse italienne, ce qui m'a permis d’accompagner des travaux de mémoire des étudiant·e·s.

Quelle est l’importance de la rythmique pour le développement des enfants?

Dans la rythmique, on associe les opposés. On utilise le côté libérateur mais aussi structurant de la musique; on joue beaucoup mais on réfléchit beaucoup aussi; on passe de moments très dynamiques à d'autres très calmes, d'ambiances très sonores à d'autres très silencieuses. Tout cela les amène à se dépasser, notamment en exerçant la régulation de leur tonus, leurs capacités de coordination, la conscience de leur corps et de leur environnement. Ils apprennent à se repérer dans le temps et dans l'espace, à gérer leurs actions, avec la conscience des autres…

La rythmique est présente dans les classes de 1-2 P du canton. Sur le terrain elle est prise en charge par des spécialistes mais il est important que les futurs généralistes en enseignement soient également formés à comprendre les enjeux qui se posent pour le jeune élève, avec ces outils puissants que sont la musique et le mouvement, si appréciés des petits. Comme j'ai été engagée à la HEP Vaud pour un poste de formatrice mentionnant ”éducation psychomotrice et rythmique” (destinée principalement aux étudiant·s généraliste·s), j’ai pensé que le plus important était de transmettre aux étudiant·e·s des connaissances et des points d’attention à observer dans leur classe.

Est-ce que beaucoup d'étudiant·e·s sont intéressé·e·s par cette thématique?

J’ai remarqué que les termes "musique" et "mouvements" pouvaient être une source d’appréhension chez les étudiant·e·s. Pourtant, lorsque le cours se déroule sur un temps suffisamment long (comme des cours à option, p.ex.), les inscrit·e·s disent tous se sentir soulagé·e·s d'avoir pu prendre conscience des enjeux de développement et d’apprentissage qui s'y déroulent. Mais les plans d'études ne proposent malheureusement que peu d'occasions de cette sorte.

Avez-vous une anecdote marquante à la HEP Vaud?

Oui, je me souviens de l’émotion ressentie lorsque j’ai retrouvé parmi mes étudiantes en Bachelor une ancienne élève à qui j’avais enseigné lorsqu’elle avait 6-7 ans. À l’époque, cette petite fille semblait complètement bloquée dans sa souffrance d'enfant migrante. Elle était prostrée, ne souriait jamais et refusait toute proposition du corps enseignant. Son enseignante et moi-même avons réalisé un vrai travail d’équipe et tenté plusieurs approches pour la faire participer. Cela a fini par fonctionner: progressivement, elle s'est ouverte, est venue s’asseoir sur le banc avec son enseignante, les autres enfants, a regardé ses camarades, dessiné ce qu'elle voyait (sur ma demande), puis osé venir jouer et participer de plus en plus... C'est donc une jeune femme résiliente et déterminée que j'ai vu arriver à la HEP Vaud, il y a quelques années, et qui a passé avec succès ses trois années de Bachelor pour devenir à son tour une enseignante.

Quels conseils donneriezvous aux générations d’enseignants qui arrivent?

L'anecdote précédente montre qu'il est important de toujours chercher comment arriver à intéresser les élèves et non pas seulement faire en sorte qu’ils et elles suivent les consignes. C’est ce qui rend l’enseignement passionnant. Et aussi rester curieux et ouverts aux savoirs.

Quel est votre état d’esprit avant de prendre votre retraite? Avez-vous des projets?

Mon état d'esprit est partagé entre le besoin de repos et une multitude d'envies. On verra à quel rythme tout se mettra en place! Mon projet est de trouver un bon équilibre, notamment entre les choses que je ferai pour moi et celles qui concerneront plus la collectivité.

Pour marquer son départ, Christine Croset Rumpf a organisé une table-ronde intitulée "Où se trouve la salle de rythmique", retour sur l'événement.