Enseignement, apprentissage et évaluation
Le groupe GIRAF (Intervention et Recherche sur les Apprentissages Fondamentaux) vise la construction d’une didactique spécifique aux premiers degrés de la scolarité. Notamment, il travaille tout d’abord à l’identification des connaissances et habiletés que tous les enfants devraient s’approprier durant le premier cycle pour bénéficier au mieux des apprentissages scolaires à venir (les apprentissages fondamentaux comme apprentissages fondateurs de la scolarité). Ensuite, il cherche à identifier et à décrire les gestes professionnels qui favorisent ces appropriations en tenant compte des spécificités de l’apprentissage chez le jeune enfant (didactique spécifique et curriculum émergent). Enfin, dans le cadre de la formation des enseignant.e.s (initiale et continue) il travaille, d’une part, à l’identification des connaissances spécifiques à l’enseignement dans ces premiers degrés et, d’autre part, à l’élaboration de dispositifs et d’outils pour la formation.
Les premiers degrés de la scolarité jouent un rôle essentiel dans la future réussite scolaire des élèves. Le premier cycle est un cycle de transitions qui devrait d’abord permettre à chaque enfant de s’approprier les règles du jeu et les outils requis par l’apprentissage scolaire. Le groupe GIRAF a pour objectif l’identification, la mise en évidence et la diffusion de pratiques professionnelles participant à la réduction des inégalités face à la réussite scolaire. Il s’agit de développer une didactique propre aux premiers degrés de la scolarité, à savoir une didactique qui prenne en compte les enjeux des apprentissages du premier cycle et les spécificités de l’apprentissage chez le jeune élève (importance de la place donnée aux activités initiées par les enfants, jeu de faire-semblant comme activité maîtresse du développement entre 3 et 7 ans, l’imitation et l’imagination comme outils d’apprentissage, apprendre dans et par le collectif …) Dans cette perspective, le GIRAF travaille à l’identification, la description et la diffusion de gestes professionnels et didactiques, qui visent la qualité des apprentissages des jeunes élèves (observer, enseigner et faire usage du jeu de faire-semblant, saisir des opportunités d’apprentissage corporel, affectif, social, cognitif et disciplinaire, permettre la rencontre des élèves avec les formes développées de ces apprentissages, mener des collectifs d’apprentissage…). Il étudie les pratiques enseignantes mises en œuvre dans les premiers degrés de la scolarité ainsi que leurs effets sur les apprentissages et le développement des élèves. Il s’applique à la clarification des particularités de l’enseignement et de l’évaluation dans ces degrés et à la construction d’outils pour l’enseignement. C’est ce que le groupe GIRAF nomme la didactique des apprentissages fondamentaux.
Les apprentissages fondamentaux au premier cycle primaire : rôle du jeu à l’école (capsule HEP)
Les apprentissages fondamentaux au premier cycle primaire. Conférence dans le cadre de la première journée du GIRAF : Vers une didactique des apprentissages fondamentaux. Lausanne : HEP du canton de Vaud : Anne Clerc-Georgy - Les apprentissages fondamentaux au premier cycle primaire
"Lire, écrire, compter, respecter autrui", sont-ce là les seuls fondamentaux de l'école ? Les universitaires Claude Lelièvre, Eveline Charmeux, Joël Briand, Anne Clerc-Georgy et Patrice Gourdet s'expliquent lors de l'Université d'automne 2019 du syndicat national des instituteurs en France : Les fondamentaux de l'école ?
Le jeu de faire-semblant est l’activité maîtresse du développement des enfants entre 3 et 7 ans. Les enfants qui savent jouer à faire-semblant construisent de nouvelles significations, créent des scénarios complexes qui durent plus d’une heure en interprétant des rôles et en appliquant les règles propres à ces rôles. Ce faisant, ils développent un certain nombre de fonctions psychiques indispensables à l’apprentissage scolaire comme l’agir en pensée, l’anticipation et la planification, l’imagination, l’abstraction, la gestion des émotions, l’autorégulation, la résolution de problèmes… (Vygotskij, 1933/2021). Dans la perspective historico-culturelle que nous adoptons, le jeu de faire-semblant se transmet et peut faire l’objet d’un enseignement. Dans ce cadre, nos recherches visent l’identification, la description et la modélisation de gestes professionnels didactiques qui favorisent la possibilité pour tous les élèves de s’approprier le jeu et plus particulièrement le faire-semblant.
Dans les premiers degrés de l’école, l’enseignement devrait se composer d’un ratio identique entre les activités initiées par les élèves et les activités initiées par les enseignant.e.s (Siraj-Blatchford, Silva, Muttock, Gilden, et Bell, 2002). Le jeu de faire-semblant relève souvent d’activités initiées par les enfants à partir desquelles les enseignant.e.s peuvent saisir des opportunités d’apprentissage en lien avec le curriculum. Ces opportunités peuvent être pensées en amont dans l’organisation du milieu de jeu mis à disposition des enfants, saisies ou provoquées pendant le jeu, par exemple en jouant avec les enfants, ou encore prises en compte après le jeu, lors de réunions ou lors de moments d’apprentissages plus structurés. Ici, nos recherches visent l’identification et la description de gestes didactiques qui favorisent cette articulation et qui conduisent progressivement les enfants d’activités qu’ils initient vers des activités imposées ou encore du jeu de faire-semblant vers les activités d’apprentissages systématiques (activité maîtresse des élèves après 8 ans). Dans cette perspective, des travaux sont menés notamment à propos des réunions et de leur mise en oeuvre, de la saisie d’opportunités mathématiques dans le jeu, de l’observation du jeu dans la visée d’évaluation des acquis et ressources des élèves et des savoirs qu’ils ré-investissent dans leurs jeux, ou encore des conceptual playworld (Fleer, 2019), jeux initiés par l’enseignant.e et visant le développement de concepts STEM.
Les particularités de l’apprentissage au premier cycle (hétérogénéité normale dans les apprentissages, prise en compte des activités initiées par les enfants, jeu de faire-semblant comme activité maîtresse, absence de maîtrise de l’écrit…) nécessitent non seulement un enseignement adapté, mais aussi des pratiques d’évaluation spécifiques. Nos recherches visent la description des pratiques en cours, l'identification des contenus de l'évaluation au cycle 1 et la construction d’outils d’évaluation adaptés à ces degrés.
Si le jeu de faire-semblant est essentiel pour le développement des enfants, il est aussi l’activité la plus propice à permettre aux jeunes élèves d’explorer, tester, éprouver, s’approprier les savoirs proposés à l’école. Pour pouvoir le faire, il est nécessaire qu’ils soient en contact avec les formes développées des apprentissages en cours et plus spécifiquement, qu’ils aient accès aux processus de pensée nécessaires à l’usage de ces savoirs. C’est pourquoi, l’autre activité essentielle au premier cycle est le collectif d’apprentissage. Dans ces collectifs, les enfants s’initient à l’usage des savoirs scolaires en même temps qu’ils s’initient aux modalités d’apprentissage propres à l’école. Dans ce champ, nos recherches portent sur l’identification et la description des gestes didactiques qui permettent : 1. l’appropriation par les élèves des gestes requis par l'apprendre dans une structure participative et à tirer parti d'un travail collectif où il s'agit de se mettre d'accord et de s'approprier collectivement des outils de la pensée, et 2. l’appropriation d’un savoir complexe, par exemple la lecture.
Enseigner le jeu de faire-semblant, identifier les acquis, ressources et possibilités d’apprentissage dans les moments de jeu, saisir des opportunités d’apprentissages à partir d’activités initiées par les enfants, mener des réunions, se préparer à enseigner dans la perspective du curriculum émergent (ne pas savoir à l’avance ce qui va se passer), … sont des gestes professionnels et didactiques complexes qui nécessitent une formation spécifique. Pour le faire, nous concevons des dispositifs de formation initiale (discussions professionnelles, analyses collectives, …) et des dispositifs de formation continue dans le cadre d’un CAS, de la formation des PraFos ou dans des formations négociées en établissement (lessons studies, débriefing, analyses collective des pratiques et imagination de nouvelles pratiques possibles, visites de classes, …). L’analyse des dispositifs de formation, des pratiques professionnelles décrites ou observées, des interactions entre étudiant.e.s ou enseignant.e.s, des interactions en classe ou encore des activités mises en œuvre par les élèves, nous permettent à la fois, d’identifier les connaissances spécifiques des enseignant.e.s nécessaires à la didactique des apprentissages fondamentaux, par exemple la connaissance pédagogique du contenu et de développer des dispositifs de formation adaptés aux premiers degrés de la scolarité. Actuellement, nous travaillons par exemple à l’analyse des effets d’une formation à la didactique du jeu sur le développement professionnel des enseignant.e.s ou encore à l’usage de l’imagination dans la formation.
Les membres du groupe GIRAF conduisent actuellement de nombreuses actions de formation continue auprès des enseignant.e.s des premiers degrés des cantons de Vaud, de Genève, de Neuchâtel ou du Valais, notamment sous la forme de lessons studies.
Depuis 2016, le groupe GIRAF a mis sur pied un CAS en apprentissages fondamentaux à l'intention des enseignant.e.s du cycle 1 en activité.
Anne Clerc-Georgy, professeure ordinaire, anne.clerc-georgy(at)hepl.ch
Isabelle Truffer Moreau, professeure, isabelle.truffer-moreau(at)hepl.ch
Anne Clerc-Georgy, professeure ordinaire, anne.clerc-georgy(at)hepl.ch
Gabriel Kappeler, professeur associé, gabriel.kappeler(at)hepl.ch
Béatrice Maire Sardi, chargée d’enseignement, beatrice.maire-sardi(at)hepl.ch
Daniel Martin, professeur ordinaire à la Haute école pédagogique du canton de Vaud. daniel.martin(at)hepl.ch
Isabelle Truffer Moreau, professeure, isabelle.truffer-moreau(at)hepl.ch
Sylvie Van Lint, professeure ordinaire à la Haute école pédagogique du canton de Vaud. sylvie.vanlint(at)hepl.ch
Nicolas Gagliarde, chargé d’enseignement, nicolas.gagliarde(at)hepl.ch
Linda Amrar, chargée d’enseignement. linda.amrar(at)hepl.ch
Myriam Garcia Perez, assistante doctorante à la Haute école pédagogique du canton de Vaud. myriam.garcia-perez(at)hepl.ch
Julie Berger, chargée d’enseignement, julie.berger(at)hepl.ch
Julie Bouteraon, chargée d’enseignement, julie.bouteraon(at)hepl.ch
Sylvie Richard, chargée d’enseignement/professeure à la Haute école pédagogique du Valais. sylvie.richard(at)hepvs.ch
Anne Paccolat,chargée d'enseignement, anne.paccolat(at)heps.ch
Diane Ruchet, chargée d’enseignement, diane.ruchet(at)heps.ch
Sandrine Bruttin, chargée d’enseignement, sandrine.bruttin(at)heps.ch
Université de Laval, Québec, Canada
Caroline Bouchard, professeure titulaire.
Stéphanie Duval, professeure adjointe.
Université Monash, Melbourne, Australie
Marilyn Fleer, professeure.
Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)
Krasimira Marinova, professeure titulaire.
Université Démocrite de Thraces, Grèce
Maria Moumoulidou, professeure associée.
Université de Liège, Belgique
Florence Pirard, professeure.
Clerc-Georgy, A. et Duval, S. (2020). Les apprentissages fondateurs de la scolarité. Enjeux et pratiques à la maternelle. Chronique Sociale.
Passerieux, C. (2021). L’école maternelle face à ses enjeux. Les éditions de l’atelier.