Ce travail de recherche propose un modèle de curriculum pour une transition écologique basée sur la durabilité forte dans le contexte scolaire vaudois, en analysant et comparant les textes officiels et les discours des acteurs politiques et éducatifs.
L’Anthropocène, époque géologique marquée par la perturbation des grands équilibres écologiques par les activités humaines, confronte l’espèce humaine à des changements profonds et rapides de son milieu, sans commune mesure avec tout ce qu’elle a connu auparavant. Cette modification des conditions biogéochimiques globales impose une transition des sociétés modernes vers un nouveau modèle d’organisation politique et de fonctionnement économique. Une transformation sociétale d’une telle importance requiert de sortir du paradigme de la Modernité, c’est-à-dire du rapport au monde construit en Occident au cours des siècles passés. L’institution scolaire, qui participe à cette construction d’un rapport au monde particulier, peut contribuer à une métamorphose de la société, à condition d’entreprendre une mutation conséquente. Ce travail de recherche propose un modèle possible de curriculum prescrit engageant l’école sur la voie d’une transition écologique fondée sur les principes de la durabilité forte. Construit dans le contexte culturel de la Suisse romande et plus particulièrement du canton de Vaud, ce modèle a été comparé avec le curriculum prescrit en vigueur, ainsi qu’avec le discours des principaux acteurs de la définition des politiques éducatives romandes et vaudoises. Une première étape a consisté à analyser un corpus de textes officiels issus d’institutions internationales, fédérales et cantonales. Puis une seconde étape a été consacrée à l’analyse de données récoltées lors d’entretiens avec des députés du Parlement vaudois et avec des représentants de la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP). Ce travail de comparaison a abouti au constat que les déclarations d’intention en faveur de l’éducation en vue d’un développement durable contenues dans les textes officiels se diluent au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’échelon cantonal. Ces déclarations n’ont en outre pas été suivies d’effets dans la définition des outils du pilotage du système scolaire vaudois. Pour remédier à cette situation, un certain nombre de propositions permettant à l’institution scolaire de tendre vers une contribution à la transition écologique sont néanmoins envisageables. Ces recommandations pragmatiques s’appuient sur les points de vue variés, mais potentiellement conciliables, exprimés sous la forme de souhaits pour le futur de l’école par les différents décideurs politiques interrogés.
Daniel Curnier (HEP Vaud)